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UN ENGAGEMENT ARMÉ : LES MAQUIS

Au mois d’août a lieu le débarquement en Provence ; les jeunes s’engagent dans les maquis autour de Besançon pour aider les Américains et la Première Armée française. Nous avons étudié le maquis Ognon-Doubs qui était partagé en quatre groupes et nous sommes donc intéressées au groupe installé à Vaux-les-Prés dont faisait partie Georges Jublier, que nous avons rencontré en début d’année scolaire 2017. Nous allons tout d’abord parler de la vie quotidienne d’un jeune maquisard ; nous parlerons ensuite de l’engagement d’une famille et d’une infirmière. Nous avons visité la grotte, lieu symbolique avec la forêt que nous allons vous montrer avec quelques images. Pour enfin finir en parlant des deux évènements dramatiques que sont la mort d’Angonnet et Brenot et l’arrivée des Allemands dans la ferme Bidal.

1 – La vie d'un jeune maquisard

Lors de leur arrivée au maquis, les maquisards reçoivent des habits de camouflage kaki mais pas d’armes. Ils doivent aller à Mazerolles pour changer de vêtements et de chaussures.

 

Les maquisards dorment dans la ferme Bidal où ils sont très bien accueillis. Ils dorment sur des bottes de foin dans la grange de la ferme. Le fermier les nourrit convenablement, sacrifiant même ses propres bêtes. Les réserves des maquisards sont stockées dans une grotte à quelques dizaines de mètres de la ferme. Des maquisards comme M. Jublier n’y sont jamais allés. 

La ferme Bidal et la grange où dorment les maquisards

Dans le village de Vaux-les-Prés, il y a une grotte entre un champ et la forêt. Les chefs des maquisards disaient que c'était un garde-manger. Mais comme dit Monsieur Jublier,  « jamais personne n’en a vu la couleur », cela devait être réservé aux chefs. Les chefs n'avaient aucune pitié pour les jeunes qui pouvaient ne pas manger pendant plusieurs jours mais heureusement que la famille Bidal était là pour éviter qu’ils ne meurent de faim.

  La grotte qui servait de dépôt de vivres pour les maquisards et qui était cachée par des arbres.

Il arrive que des Allemands soient faits prisonniers, on les enferme alors dans une pièce servant de réserve, attenante à la grange. Cependant, ils ne sont pas du tout maltraités et le propriétaire de la ferme refuse 

que l’un d’eux soit tué sous son toit, même lorsque surviennent des disputes avec les maquisards. Les Allemands prisonniers se voient également soignés quand cela est nécessaire, ce qui par la suite, permet de sauver la vie de la famille Bidal.

2 – L'engagement d'une famille : une aide aux maquisards...

La ferme Bidal appartient à une famille composée de quatre enfants (trois filles, un garçon) et leurs parents. La plus grande fille a dix-sept ans, le fils a neuf ans et les deux dernières sont âgées de moins de cinq ans. La famille héberge dans leur ferme les jeunes maquisards. Elle leur donne à manger, les fait dormir sur des bottes de foin dans un entrepôt. La plus grande fille fait la cuisine et parle souvent aux maquisards. Le fils va souvent au café à vélo (selon ses sœurs il allait chercher des informations sur le maquis). La famille abrite aussi les prisonniers dans une pièce surveillée en permanence par quelques maquisards mais aucun prisonnier ne subit de sévices. Ils étaient probablement désarmés par les maquisards juste avant car quand ils arrivaient, ils étaient sans arme (elles devaient être déposées sans doute ailleurs). Le père n'autorise aucune violence si c'est sous son toit. Un jour un maquisard veut tuer un prisonnier, mais le père l'en empêche. Si un prisonnier est blessé, une infirmière le soigne. On peut donc considérer que comme la famille aide les maquisards, elle s’engage aussi au côté de la Résistance française.

... qui peut être dangereuse :

Mais le 5 septembre, les Allemands nazis débarquent. Les maquisards partent vers la forêt en courant, les nazis leur tirent dessus, et certains sont blessés, tandis que d’autres arrivent à s’enfuir et que certains meurent sous les balles. Un des maquisards dans la précipitation saute de la fenêtre, réussissant à prendre la fuite. La famille et l'infirmière sont disposés en rangée contre un mur, les mains sur la tête. La ferme est fouillée de fond en comble, mais aucune arme n'est retrouvée par les soldats allemands, car les maquisards sont venus dans la ferme sans arme. Un maquisard a confié sa montre à la plus grande fille pour qu'elle la donne à sa femme, mais un soldat la vole pendant cette fouille. Personne n’est tué car les soldats se sont rendu compte que les prisonniers sont soignés par une infirmière et qu’ils sont bien traités. Ils repartent ensuite.

3 – Un engagement humanitaire : l'infirmière Marie-Paule Gilles

Dans le maquis Ognon-Doubs est installé un centre de secours organisé par une infirmière du nom de Marie-Paule Gilles. Cette dernière note ses activités entre 1939 et 1945 dans un cahier, retranscrit par Robert Operol. Elle sauve de nombreuses vies, notamment celles de Pierre Guicharneau et Gaston Vuillecard et s’occupe d'Allemands blessés, avec l'aide de ses collègues.

En fin d'été 1944, après de nombreux voyages dans la France afin d'accomplir sa tâche d'infirmière de la Croix-Rouge, Mme Gilles arrive à Vaux-les-Prés durant la nuit, accompagnée de deux autres collègues. Ils se rendent dans une grange où se trouvent déjà des F.F.I. qu'ils connaissent. Le jour d’après, elles se rendent avec les F.F.I. dans la ferme Bidal, où Marie-Paule et la deuxième infirmière vont soigner deux Allemands blessés. À cette période, les Américains sont à Besançon, les Allemands sont donc en train de fuir et passeront bientôt par le village. En effet, le lendemain matin Mme Gilles est réveillée par le bruit de coups de feu. Une de ses collègues et elle se rendent sur place, où elles apprennent que les Allemands ont délivré leurs camarades retenus dans la grange de la ferme Bidal et ont fait prisonnier le maquisard qui les gardait, Charbonnier. Plus tard, une fillette de la ferme prévient les infirmières qu'un des maquisards, Gaston Vuillecard est blessé. Marie-Paule envoie ses collègues à sa recherche tandis qu'elle reste sur place avec les Allemands.

 

Cependant, le S.S. qui retient Charbonnier veut en faire de même avec Marie-Paule Gilles ; heureusement,  les blessés allemands présents lui disent qu'elle les a bien soignés et  qu'il s'agit d'une bonne infirmière. L'un d'entre eux la compare même à sa mère « madame égale maman à moi ». L’Allemand convaincu, elle repart donc pour le château où se trouve Gaston Vuillecard qui a été blessé.

 

Quelques heures après, les Allemands envahissent le château. Afin de se protéger, Marie-Paule les informe qu’elle et ses compagnes font partie de la Croix-Rouge Internationale et ont pour mission de soigner tous les malades qui se présentent. Cependant, les Allemands décident de rester dans la cour. Elle installe donc le drapeau de la Croix-Rouge sur le toit afin de ne pas se faire bombarder.  Soigner Gaston s’avère une tâche difficile. Ils doivent l’opérer avec le strict minimum, éclairés par une lampe torche. A l’extérieur s’entendent des coups de feu et de canons.

 

Dans la nuit du 8 au 9 septembre a lieu la Libération. Lorsque Marie-Paule se réveille, il n’y a plus d’Allemands dans la cour et elle aperçoit sur la colline des tanks américains, qui rejoignent Mazerolles. Elle demande alors à ses collègues d’aller faire sonner la cloche de délivrance et de prévenir les habitants de Mazerolles pour Gaston Vuillecard afin de lui envoyer une ambulance. Ils reçoivent finalement l’ordre de rejoindre Besançon délivré, en ambulance.

 

 Marie-Paule Gilles a fait l'objet d'une très belle citation à l'ordre du régiment F.F.I. du Doubs (Croix de guerre avec étoile de bronze) signée du Général de Corps d'Armée CHOUTEAU.

4 – Un engagement qui peut conduire à la mort :  Henri Angonnet et André Brenot

André Brenot est soutien de famille depuis la mort de son père, il a un frère et deux sœurs. Henri Angonnet, quant à lui, est marié et père d’une petite fille de 2 ans. Avec Georges Jublier, ce sont trois amis d’enfance, qui habitent le quartier de St Claude, à Besançon. Professionnellement, ils sont employés dans une usine au compte des Allemands, ce qui explique qu’ils ne sont pas recrutés par le S.T.O.

 

Brenot et Angonnet décident de rejoindre le maquis de Mazerolles après qu’une de leurs voisines les a accusés d’être des planqués. Ils ont 21 et 22 ans lorsqu’ils rejoignent le groupe Ognon-Doubs, le 20 août 1944. Lorsqu’ils arrivent au maquis, Georges Jublier est très surpris de voir ses jeunes compagnons.

Vu leur jeune âge et leur arrivée récente au sein des maquisards, ils sont chargés de faire le guet et de surveiller l’arrivée des Allemands en haut de la colline. 

 

Le 4 septembre 1944, ils remarquent l’arrivée des Allemands en voiture.  Henri Angonnet parcourt alors près de 3, 2 km en courant pour aller prévenir ses camardes et remonter au point de vue. Les maquisards, qui se cachent dans la ferme Bidal, se dispersent en éventail dans la forêt derrière la bâtisse. André Brenot se fait prendre par les Allemands et  Angonnet subit le même sort lorsqu’il rejoint son ami. Les Allemands les attachent à l’extérieur d’une auberge pendant qu’ils se rendent à l’intérieur pour se ravitailler. L’aubergiste viendra leur apporter des morceaux de pain. Lorsque les Allemands sortent de l’auberge, ils détachent Brenot et Angonnet et leur disent qu’ils sont libres. Soulagés, les deux amis se mettent en marchent pour rentrer mais sont  fusillés dans le dos.

 

Georges Jublier et un de ses caporaux seront chargés d’aller prévenir la famille d’André Brenot.

Bibliographie :

 

Témoignages des deux plus jeunes sœurs de la famille Bidal, enregistré en décembre 2017.

Témoignage de Monsieur Jublier, enregistré en octobre 2017.

«  Souvenir de guerre » , journal de Marie-Paule Gilles née Claudet.

Brochure « Le monument de Mazerolles-le-Salin » par le Souvenir Français et la mairie de Mazerolles

Site du maquis Ognon Doubs : http://urlz.fr/6ILO

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